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Fracture dentaire
Gingivo-Stomatite Chronique Féline
Traumatisme Maxillo-facial du chat
Fracture Dentaire
Faut-il vraiment traiter les dents cassées ?
La dent, un organe vivant
La couronne dentaire est composée d'émail et de dentine qui sont les tissus les plus durs, les plus résistants et les plus minéralisés de l'organisme. Cependant comme les dents sont exposées aux contraintes de la mastication et subissent des traumatismes liés aux bagarres, aux jeux et aux accidents de la vie, ce sont aussi les organes qui se cassent le plus fréquemment. Dans une étude rétrospective sur une population de 621 chiens et chats présentés pour un traitement dentaire, 26,2 % des individus examinés montraient une blessure traumatique dento-alvéolaire dont 49,6% de fracture dentaire complexe. Les canines étaient les dents les plus souvent cassées avec 35,5% des cas*.
*Soukup JW, Hetzel S, Paul A. Classification and Epidemiology of Traumatic Dentoalveolar Injuries in Dogs and Cats: 959 Injuries in 660 Patient Visits (2004-2012). J Vet Dent. 2015 Spring;32(1):6-14.
Conséquences de la fracture sur la santé de la dent
Les fractures peuvent être complexes ou simples selon qu'il y a effraction pulpaire ou non. Le cas échéant, la pulpite qui en résultera sera accompagnée d'une très forte augmentation de la pression intra-pulpaire, ce qui engendrera une nécrose pulpaire dans les 10 jours suivants le traumatisme*. Deuxièmement, la pulpe sera exposée directement aux bactéries de la flore buccale qui envahiront l'endodonte et créeront un réservoir infectieux permanent à mi-chemin entre la bouche et l'os alvéolaire. Dans un troisième temps, l'infection progressera au niveau du parodonte et de l'os alvéolaire via les canaux du delta apical. Cela engendrera une réaction périapicale clairement visible sur les clichés radiographiques, quelques semaines déjà après le traumatisme. Cette réaction qui peut se présenter sous la forme d'un granulome, d'un kyste ou d'un abcès peut rester plusieurs mois voire plusieurs années à l'état latent, jusqu’au jour où le processus infectieux se transformera en chique accompagnée d'une fistule.
*Hale FA1. Localized intrinsic staining of teeth due to pulpitis and pulp necrosis in dogs. J Vet Dent. 2001 Mar;18(1):14-20.
Pourquoi les chiens ne montrent ils donc que rarement de signes de douleurs ?
Immédiatement après le traumatisme, la douleur aigue est très vive mais ne dure jamais très longtemps. Les chiens se cassent rarement une dent en présence de témoins, mais quand c'est le cas, la plupart des chiens réagissent en criant ou en stoppant nette leur activité. Par ailleurs les chiens sont très résistants face à des douleurs chroniques et ne montrent que rarement de signes visibles. Il existe suffisamment d'exemples de fractures dentaires chez l'homme qui peuvent témoigner à quel point cette expérience est douloureuse. Cependant, comme la pulpe, et à fortiori les fibres nerveuses, se nécrose rapidement, la sensation de douleur disparait complètement dans les 10-15 jours qui suivent le traumatisme. Ce n'est qu'avec le développement d'une infection périapicale que la douleur va réapparaitre, épisodiquement et au gré des stimulations du parodonte, lors de mastication par exemple. Cela signifie que seules les dents qui sont sollicitées lors de la mastication peuvent potentiellement engendrer de la douleur, donc principalement les carnassières.
Peut-on traiter une dent cassée avec des antibiotiques et des anti-inflammatoires ?
Les antibiotiques ne devraient être utilisés qu'en cas de forte enflure accompagnée de fièvre ou dans les rares cas où on souhaite procéder à un coiffage pulpaire dans les 48 heures qui suivent le traumatisme chez de jeunes chiens de moins de 2 ans. Les anti-inflammatoires non-stéroidiens font déjà plus sens, car il importe de diminuer l'enflure ainsi que la douleur. Cependant le traitement médicamenteux seul est inefficace. Une dent cassée avec effraction pulpaire doit toujours être traitée soit par extraction, soit par un traitement endocanallaire (traitement de racine). En ôtant la dent, on retire ce réservoir infectieux que représente la pulpe nécrosée. En procédant à un traitement de racine, on retire la pulpe nécrosée, tout en conservant la dent en bouche, fonctionnelle bien que dévitalisée.
Quels types de dents peut-on traiter par ce procédé?
En principe on peut traiter n'importe quel type de dent. Dans la pratique ce sont les canines qui sont le plus souvent traitées conservativement car pour les chiens qui font du mordant, ce sont des outils de travail et en cas de fracture, leurs propriétaires sont très demandeurs. Mais dans l'absolu, c'est la carnassière supérieure qui est le plus souvent cassée chez les chiens toutes races confondues et pour une dent qui a une fonction masticatoire aussi importante, on devrait tout faire pour essayer de la conserver. Il est donc primordial de toujours examiner les carnassières attentivement lors d'un examen de bouche car la zone de fracture est souvent recouverte de tartre et donc plus difficile à identifier. Les incisives sont également souvent traitées conservativement car ce sont les "dents du sourire" et certains propriétaires tiennent absolument à les maintenir en bouche.
Quand faut-il traiter une dent cassée ?
Le plus tôt possible si c'est un jeune chien avec une dent immature. Par contre pour les chiens adultes ou si la fracture est ancienne, il n'y a pas de caractère urgent. Mais on conseille tout de même de traiter dans les jours ou les semaines suivant le diagnostic afin de limiter l'impact de l'infection périapicale sur la santé générale de l'animal.
Combien coute un traitement de racine ?
Les couts varient selon le type de dents, le nombre de dents traitées dans une même procédure et de la technique utilisée. Si on prend l'exemple d'une canine chez un chien de grande race, les couts du traitement se situeront aux environs de 700.- à 800.-.
Comment prévenir les fractures ?
Il appartient à chaque propriétaire de prémunir son chien contre tout accident et d'éviter les facteurs prédisposant : jeux avec des bâtons, cailloux, mordant, bagarre entre chien. Il est délicat voir éthiquement discutable de protéger les dents avant qu'elles ne se cassent. Par contre on peut protéger les dents déjà cassées ou trop fortement usées par des techniques de restauration, comme les couronnes métalliques ou céramiques.
Dr Philippe Roux
Gingivo-Stomatite Chronique féline
Peut-on réellement soigner une gingivo-stomatite chronique (GSC) ?
Comment reconnait-on une GSC?
Comme son nom l'indique, la GSC se caractérise par la présence d'une gingivite et d'une stomatite (inflammation de la muqueuse buccale) généralisée mais aussi par son caractère chronique. Les premiers signes sont souvent discrets ou le propriétaire ne les identifie pas immédiatement ce qui a pour conséquences que les chats présentés en consultation la première fois ont déjà des signes avancés d'infection ou d'inflammation bucco-dentaire.
Quelle est la prévalence des GSC?
En Angleterre, la prévalence est de 0,7% (Healey, 2007). En Europe continentale, elle semble plus importante sans qu'aucune étude précise ne vienne étayer ce sentiment.
Est-ce que toute infection bucco-dentaire chronique du chat est une GSC?
NON. Beaucoup de chats souffrent de maladie parodontale localisée ou généralisée, voire de résorptions dentaires de manière chronique sans qu'il y ait forcément de stomatite associée. Par ailleurs, certaines tumeurs buccales (carcinomes, fibrosarcomes) peuvent présenter des signes cliniques très proches ou communs aux GSC. Il est donc primordial de commencer par poser un diagnostic exact et correct avant tout traitement. Un bilan sanguin hématologique, chimique et une détection des virus FeLV et FIV devrait être un pré-requis avant tout examen sous anesthésie générale.
Quelle est la cause des GSC?
En fait il s'agit d'une maladie multifactorielle qui associe l'hérédité, la plaque dentaire, le système immunitaire, des facteurs environnementaux (stress, promiscuité, concentration de chat), la présence de virus (et particulièrement du Calicivirus). Pour faire court, on peut dire que la GSC est la conséquence d'une réponse hyperimmune aux antigènes de la plaque dentaire (c’est-à-dire les bactéries de la flore buccale) avec pour facteurs déclencheurs ou favorisants une calicivirose et un environnement stressant.
Quel est le rôle réel du Calicivirus dans cette pathologie?
70 à 96% des chats qui souffrent de GSC sont positifs au Calcivirus. Cependant 20 à 30% des chats sains sont également Calici positifs. Il y a donc d'autres facteurs nécessaires pour déclencher les signes cliniques de la maladie. Il semblerait par ailleurs que le Calicivirus soit particulièrement associé aux stomatites caudales et dans certains cas sévères, à des ulcères étendus sur le dos de la langue.
Quel est l'intérêt de tester la présence du Calici-virus?
Le Calicivirus est testé positif par la méthode PCR chez 96% des chats souffrant de GSC. Pour ces chats ce test n'amènera que la confirmation de ce que l'on sait déjà. Par contre il peut être important de tester les individus qui présentent des gingivites juvéniles sans atteintes de la muqueuse caudale, comme c'est souvent le cas chez les Main Coon et les Norvégiens. Pour ces jeunes individus, on peut raisonablement mettre en place un programme d'assainissement par des soins locaux (pour maitriser la plaque) combiné à un traitement à l'interferon (si le test est positif) avant que la maladie ne dégénère et se complique d'une stomatite.
Quelles sont les premières mesures à prendre lorsqu'on voit un chat pour la première fois avec une suspicion de GSC?
La mesure la plus répandue chez les vétérinaires consiste à traiter l'animal avec un antibiotique et un antiinflammatoire (parfois même avec des corticoïdes) et de voir comment l'animal répond au traitement. Cette manière de procéder n'est ni professionnelle, ni recommandée. Elle est même nuisible car elle donne une fausse impression d'amélioration ce qui retarde d'autant les mesures correctes qui permettraient de traiter la maladie de manière curative. Avant tout traitement il faut déjà poser un diagnostic, ce qui ne peut se faire qu'avec un examen clinique et radiographique sous anesthésie générale.
Pourquoi est-il si important de faire un examen clinique préalable?
La GSC peut présenter différents degrés d'intensité et d'étendue. Il faut faire un bilan d'extension de l'inflammation des tissus mous et des autres signes cliniques le plus précis possible afin de pouvoir tracer l'évolution au cours du temps et des traitements. On notera la localisation et la sévérité des lésions, le comportement alimentaire, le degré d'inconfort, la mauvaise haleine, l'évolution du poids.
Pourquoi est-il si important de faire un examen radiographique préalable?
Les GSC sont souvent accompagnées de lésions dentaires ou parodontales qui, dans bien des cas, nécessitent l'extraction des dents ou des restes de dents touchées. Les résorptions dentaires ne se traitent que par extraction de la dent touchée. Il en va de même pour la maladie parodontale de stade 3 et 4.
Au cours de ce premier examen sous anesthésie, quelles sont les mesures thérapeutiques à prendre?
Les mesures minimales (sauf décision plus radicales d'entente avec le client) consistent à assainir la bouche par un détartrage/polissage, à extraire les dents condamnées et à diminuer, le cas échéant, l'hyperplasie de gencive par une gingivectomie.
Quelle médication post-chirurgicale doit être envisagée?
Les antibiotiques ne sont pas obligatoires dans tous les cas. Si l'infection est très présente, qu'il y a du pus dans la bouche et que les muqueuses sont hyperplasiées, il est conseillé de traiter avec Clindamycine (11mg/kg/jour; 2 semaines) ou Amoxicilline/acide clavulanique (12,5mg/kg BID 5-10 jours)
Les AINS doivent être donné pendant un minimum de 15 jours post OP, mais si l'inflammation persiste au-delà, il faudra poursuivre ce traitement jusqu'à 2 mois post OP. Après deux mois post OP, si l'inflammation et les signes cliniques sont toujours importants et la qualité de vie diminuée, il faudra envisager d'extraire toutes les dents ou si les dents ont déjà été extraites, de commencer un traitement médicamenteux anti-viral.
Les morphiniques doivent être utilisés en post OP pendant 5 jours. Par la suite, on peut reprendre le traitement avec des morphiniques au cas par cas selon les signes de douleurs aigues présentées. L'important c'est de toujours bien maitriser la douleur qui procure de l'inconfort, une perte d'appétit et génère du stress.
Quelles sont les autres mesures à prendre par la suite?
Il faut bien comprendre qu'un chat atteint de GSC réagit de manière inadaptée à la présence de bactéries dans sa bouche. Par ailleurs, la surface dentaire représente un endroit privilégié, où ces bactéries vont pouvoir se multiplier et former la plaque dentaire. Et enfin que la plaque dentaire se reforme 8 heure après son élimination par brossage ou par détartrage. On comprend donc qu'il n'y a pas d'évolution positive possible sans maitrise absolue de la plaque, ce qui veut dire concrêtement que le client devra brosser les dents de son chat trois fois par jour et ceci ad vitam aeternam. Ce brossage devra être combiné avec l'utilisation d'une solution à base de chlorhexidine.
Existe-t-il une alternative au brossage dentaire?
La seule alternative au brossage dentaire consiste à éliminer le support de la plaque dentaire, autrement dit, à éliminer les dents. Son efficacité est prouvée scientifiquement (Hennet, 1997)
Faut-il absolument retirer toutes les dents ou peut-on conserver les canines par exemple?
La GSC est souvent beaucoup plus marquée vers le fond de la bouche. Les molaires et prémolaires sont souvent beaucoup plus atteintes que les dents rostrales. On peut donc conserver les canines et éventuellement les incisives, pour autant que ces dents soient saines, que leur parodonte soit également sain, que la muqueuse alvéolaire correspondante soit saine et à condition que le client nettoie ces dents tous les jours!
L'extraction totale permet-elle de guérir tous les cas de GSC?
Une étude récente a montré que 28.4% des chats guérissaient totalement et 39% montraient une amélioration clinique substantielle. 26,3% ne montraient qu'une légère amélioration clinique. Seuls 6.3% des chats traités ne montraient aucune amélioration clinique.
Effect of tooth extraction on stomatitis in cats: 95 cases (2000–2013). Michael W. Jennings, VMD; John R. Lewis, VMD; Maria M. Soltero-Rivera, DVM; Dorothy C. Brown, DVM, MSCE; Alexander M. Reiter, Dr med vet
Quelle attitude adopter face aux patients qui ne répondent pas ou peu à l'extraction totale?
L'extraction totale permet de résoudre un des facteurs initiateurs des GSC, soit la plaque dentaire. Cependant d'autres facteurs jouent également un rôle (stress, virus,…). Une fois éliminée la problématique de la plaque dentaire, on peut si nécessaire mettre en place des traitements pour influencer les autres facteurs.
Comment combattre le stress?
De nombreux chats développent une GSC pendant un séjour en SPA ou en pension. Il importe donc de les sortir de là aussi rapidement que possible. Par ailleurs la douleur associée aux GSC est un facteur de stress important. Il faut donc absolument poursuivre les traitements antalgiques aussi longtemps que nécessaire.
Comment combattre la calicivirose?
Quelques études ont montré l'intérêt de l'interferon oméga félin qui permet une modulation de l'immunité (Southerden 2006, Hennet, 2011). Souvent, l'interféron est utilisé beaucoup trop tôt dans le processus. Cette substance n'a en effet aucun intérêt tant et aussi longtemps que le facteur "plaque dentaire" n'a pas été résolu. On ne devrait en principe pas l'utiliser avant d'avoir procédé à l'extraction totale puis constaté la persistance de stomatite caudale voir d'ulcères linguaux.
Quelles sont les autres substances utilisées dans le traitement des GSC?
La cyclosporine est un immunomodulateur qui a été utilisé dans certains cas de GSC avec un succès mitigé. S'il réussit parfois à améliorer l'inflammation, le traitement doit être envisagé sur du long terme (Lommer, 2013). La lactoferrin a été utilisée en combinaison avec un NSAID avec un certain succès mais il manque encore une évaluation sur du long terme pour savoir si cette substance est aussi prometteuse qu'elle semble être(Hung, 2014).
Peut-on utiliser des corticoïdes dans le traitement des GSC?
La cortisone a un effet immuno-suppresseur. En ce sens, les signes cliniques vont rapidement s'améliorer. Mais ils vont revenir aussi vite qu'ils avaient disparu dès que l'effet des corticoïdes auront disparus. Par ailleurs en supprimant l'immunité on favorise le développement de la plaque dentaire (pus dans la bouche, halithose, bactériémie,…). Finalement, comme les corticoides n'ont aucun effet curatif, il va falloir les utiliser sur du long cours ce qui favorise les effets secondaires (diabète, ostéoporose, œdème, cushing,…)
La cortisone ne devrait jamais être utilisée en première intention, mais plutôt gardée comme dernier recours si les techniques décrites dans ce document n'ont pas réussi à améliorer substantiellement l'état clinique du patient.
Comment nourrir un chat qui souffre de GSC?
La gingivite, la stomatite caudale ou les ulcères linguaux sont autant de problèmes qui rendent la mastication et la déglutition difficile. Les aliments secs sont déconseillés après une extraction totale. Les aliments humides sont certainement plus faciles à déglutir, attention toutefois à ne pas donner d'aliments en sachet avec de la sauce souvent très salée ce qui peut occasionner des douleurs importantes sur les muqueuses ulcérées. Les chats avec GSC se nourrissant mal et ayant potentiellement des carences, il faut choisir une alimentation de haute qualité. Par contre il n'y a pas de relation avérée avec d'hypothétiques allergies alimentaires.
Combien coute l'extraction totale chez le chat ?
Les couts dépendent du temps de chirurgie qui se situe entre 60 et 90 minutes selon les difficultés rencontrées. Il faut donc compter entre 600 et 1000.- pour cette intervention.
Dr Philippe Roux
Traumatisme Maxillo-facial du chat
Comment faire face à un chat avec un traumatisme maxillo-facial ?
Quels sont les signes cliniques qui doivent faire penser à une fracture de mâchoires?
Une gueule béante, une malocclusion aigue, un saignement de la bouche ou du nez, un œil partiellement ou totalement exorbité, une fente palatine, une instabilité des mâchoires, une crépitation à la manipulation des mâchoires.
Quels sont les diagnostics différentiels lors de gueule béante chez le chat?
Il existe plusieurs raisons pour lesquelles un chat n'arrive plus à fermer la bouche. En dehors d'une fracture osseuse des mandibules ou des os du maxillaire supérieur, il peut y avoir également une fracture ou une luxation des articulations temporo-mandibulaires (ATM), une luxation d'une ou plusieurs dents, une luxation du processus coronoïde avec chevauchement de l'arc zygomatique et beaucoup plus rarement une neuropathie du trigémaux conduisant à une paralysie des muscles masticateurs.
Maxillofacial injuries and diseases that cause an open mouth in cats. Constantatras M.E., Charlier C.J. J Vet Dent 30(3); 168-176, 2014
Quelle est la prévalence des fractures de mâchoire?
Les fractures de mâchoire et les traumatismes des ATM représentent 11 à 23% de toutes les fractures chez le chat. Les patients sont plutôt jeunes puisqu'ils ont en moyenne 2 ans et demi.
Mandibular Fractures in the Cat A Retrospective Study. R.C. UMPHLET, A.L. JOHNSON. 17(6).1988, 333–337
Quelle est la répartition statistique des fractures de la mandibule?
75% des fractures de la mandibule concernent la symphyse. En réalité et dans la grande majorité des cas, il ne s'agit pas de fracture mais plutôt d'une luxation de la symphyse mandibulaire. En effet, chez les jeunes individus, les deux mandibules sont reliées entre elles au niveau de la symphyse par un ligament. Ce ligament se calcifiera avec l'âge. 16% des fractures sont situées sur le corps de la mandibule, 6,7% au niveau du condyle de l'ATM et 4% sur le processus coronoïde.
Quels examens préalables doit-on faire?
En prévision d'une anesthésie, il est toujours recommandé d'avoir un bilan sanguin récent. Si l'animal est âgé, il faut absolument contrôler la fonction rénale et un bilan hématologique. Par rapport au traumatisme, un examen radiographique du thorax/abdomen permet d'exclure une lésion pulmonaire, une fracture de côte et un épanchement abdominal ou thoracique. Avant toute intervention, le patient doit être stabilisé, afin que l'intervention se passe dans les meilleures conditions. La réduction d'une fracture de mâchoire doit se faire sans trop attendre mais n'est pas non plus une intervention urgente.
Quels sont les moyens diagnostics utilisés en présence d'un traumatisme maxillo-facial?
Pour commencer, il faut faire un bon examen visuel de la tête et déceler toute asymétrie suspecte. La plupart des chats avec gueule béante sont des polytraumatisés. On trouve souvent sur un même individu des dents cassées, des lésions des tissus mous (lacération/déchirure des lèvres, du palais, de la langue, une ou plusieurs fractures. Une étude a montré que 35,7% des chats avec une luxation de la symphyse mandibulaire ou une fracture mandibulaire avaient en plus au moins une autre lésion telle que fracture du processus rétroarticulaire. Il faut donc faire un bilan radiographique complet, intra- et extra-oral. Si possible, il serait préférable de faire un CT Scan qui permet une visualisation précise et tridimensionnelle des lésions et des fractures.
Quels sont les points critiques lors d'une réduction de fracture de mâchoire?
Comme déjà mentionné, il s'agit de patient souvent polytraumatisés. Lorsqu'on doit réduire une fracture de mâchoire il faut d'abord s'assurer que l'occlusion soit parfaite. Idéalement, il est toujours préférable de réduire la fracture lorsque la gueule est complètement fermée ou à peine entre-ouverte, de cette manière on s'assure que les canines soient en interdigitation physiologique et que les prémolaires ne se chevauchent pas. Si on opte pour une méthode invasive, alors il est préférable de faire une intubation par pharyngostomie. Si on opte pour une méthode non-invasive, on pourra utiliser une méthode d'intubation traditionnelle.
Le deuxième point critique c'est la taille des os de la mâchoire du chat et la présence de racine dentaire sur une grande partie des mandibules. Cela rend l'utilisation de plaque et vis extrêmement difficile voire impossible.
Le dernier point critique concerne les ATM. Une fracture articulaire ou proche de l'articulation risque fortement d'entrainer une ankylose ou une ostéoarthrite à moyen terme. Si ça devait arriver et que le chat n'arrive progressivement plus à ouvrir la gueule, il faudrait procéder à une amputation du condyle.
Quelles sont les méthodes utilisées pour la réduction des fractures de mâchoire?
Comme pour toute fracture osseuse, il existe des méthodes invasives et des méthodes non-invasives. Les méthodes non-invasives sont toujours préférables si les dents sont intactes car elles peuvent être judicieusement utilisées comme points d'ancrage pour des fixations interdentaires ou intermaxillaires. Ces méthodes se prêtent particulièrement bien en cas de fractures comminutives, de fractures des ATM, de luxation de symphyse mandibulaire. Si par contre les dents sont absentes ou ne sont pas utilisables, on recourra à des fixations par implants (plaque, vis, cerclages,…). La difficulté supplémentaire que l'on rencontre au niveau de la gueule c'est la gestion de l'alimentation. Lors de fixation intermaxillaire, la gueule sera figée pendant toute la durée du traitement. L'animal sera contraint à s'alimenter sous forme de bouillie voire par sonde dans les premiers jours post-chirurgie.
Qu’entend-on exactement par réduction de fracture non-invasive?
Il existe deux types de fixations non-invasives. La fixation interdentaire qui consiste à créer un pont de résine entre les dents mésialement celles distalement de la ligne de fracture. La fixation intermaxillaire qui consiste à coller entre elles les canines opposées.
Quels matériaux utilise-t-on pour les fixations intermaxillaire et interdentaire?
On utilise des résines dentaires qui se composent de composites dentaires ou de résine acrylique. Certains matériaux sont autopolymérisants alors que d'autres sont photopolymérisants.
Dans quels cas doit-on poser une sonde œsophagienne et quand peut-on la retirer?
Si on procède à une fixation intermaxillaire, l vaut mieux préventivement poser une sonde oesophagienne. Cela permet d'alimenter l'animal de force les premiers jours qui suivent l'intervention. après quelques jours ou semaines, les chats sont en principe capable de laper de la nourriture liquide dans l'espace laissé ouvert entre les incisives, mais parfois on doit conserver la sonde tout au long du traitement.
En quoi consiste le traitement post-opératoire?
Les chats sont placés une semaine sous antibiotiques s’il y a une fracture ouverte. Ils reçoivent dans tous les cas un anti-inflammatoire 1-2 semaines et un antidouleur de type morphinique 3-5 jours post-OP. De plus on conseille de les alimenter avec du Hill's a/d en particulier s'ils sont nourris par la sonde œsophagienne.
Combien de temps peut-on laisser la fixation intermaxillaire/interdentaire?
La période de stabilisation dépend de l'âge de l'animal, du type de fracture et de l'implication ou non des ATM. En général ce temps varie entre 6 semaines et 4 mois. En tous les cas, les matériaux de fixation intermaxillaire et interdentaire doivent être retirés. Les plaques et les vis peuvent être laissées à demeure. Les cerclages devraient en général être retirés.
Quels sont les coûts d'une telle intervention ?
Les réductions de fracture de mâchoire ont en général lieu en deux temps: la réduction de la fracture proprement dite et le retrait des implants ou matériaux de fixations. Il faut compter entre 800.- et 1500.-.
Orofacial Manifestations of High-Rise Syndrome in Cats: A Retrospective Study of 84 Cases. S E. Bonner, A.M. Reiter, J.R. Lewis. J Vet Dent, vol. 29, 1: pp. 10-18. 2012.
Dentovet Sàrl propose une prise en charge des chats avec fracture de mâchoire en privilégiant, quand c'est possible, les techniques non-invasives.